L’excursion

Statistiques : 1799 mots – 10265 signes – 7 min de lecture
Note  : Vous vous souvenez de l’engueulade avec mon professeur, la nouvelle a écrire pour le cour de français?? Eh bien, c’est celle-ci.(plus d’explication ici).
Autant dire tout de suite que la nouvelle n’est pas aussi gentillette que sont titre peux laisser paraître… J’étais en pleine période Stephen King à l’époque (son époque la plus sombre « Danse Macabre » et autre…) et j’avais vraiment la rage de devoir écrire cette nouvelle. On peux donc dire que ça a été un accouchement difficile…
Le plus simple, c’est de lire les deux premières phrases, si c’est deux là passent, le reste devrait aller… Si vous n’aimez pas le genre, hum… n’aller pas plus loin… je n’y vraiment pas été de main morte.
Je ne voulais pas retravailler cette nouvelle mais j’ai quand même fait une correction. En effet, en relisant j’ai réalisé que la date du « Grand Chaos » était le 24/07/2018 (et oui je l’ai écrit il y a 23 ans cette nouvelle…). Donc pour garder son côté anticipation, j’ai un peu reculer cette fameuse date.
Disponible au format pdf  pour les liseuses, tablettes et smartphone.

Un vent de folie soufflait sur la foule. Une femme hurlait pendant que la pulpe du cerveau éclaté de son mari lui dégoulinait sur le visage. Un homme armé d’une pierre brise la vitrine d’un magasin et s’empara de la marchandise à sa portée sans se soucier des débris de verres qui lui entaillaient les bras. D’autres profitèrent de l’occasion pour piller la boutique. Un gamin, d’une quinzaine d’année, retira son couteau sanguinolent de la gorge du gérant qui tentait de protéger sa marchandise.

Rebecca observait la scène avec avidité.

Le gamin prit quelques bouteilles d’alcool et les déposa dans son sac à dos, passa au-dessus du cadavre, puis se dirigea vers la sortie. Presque arrivé à la porte, il fit volte-face, déposa son sac, retourna vider la caisse, puis vin se pencher au-dessus du corps du gérant. Lorsqu’il se releva, il tenait dans ses mains, le cœur, qu’il emballa soigneusement dans du papier avant de le déposer dans son kit-bag et de sortir en sifflotant.
Raoul lui tapota le bras en montrant un grand immeuble du doigt.
– Regarde !

Il lui fallut un moment avant de comprendre ce qu’il lui montrait, mais elle finit par l’apercevoir. Un individu s’était installer à l’un des fenêtres de l’immeuble en face du leur, et tirait sur la foule avec un fusil à lunette. Il était couvert de sang.

– Mais d’où lui vient tout ce sang, s’écria-t-elle. Mais regarde ! Il doit être blessé, il est couvert de sang.
Elle se remit à griffonner dans son carnet tout en jetant des coups d’œil sur l’immeuble d’en face.
– Je pense qu’il s’agit plutôt du sang de l’armurier ou des personnes qu’il a sûrement tuées avant de pénétrer dans cet immeuble. Regarde toutes ces armes et ce couteau derrière lui.
Elle le regarda admirative. Qu’il était intelligent son homme, pas comme ces primitifs en train de se massacrer.

Elle regarda encore l’homme dans l’immeuble et tenta de déterminer ses victimes. Il abattit un couple de gentils vieillards, un flic et un gamin qui passait à toute vitesse sur son skateboard. Il fit feu trois fois sur un garagiste. Il éclata le torse d’une prostituée qui venait d’éviscérer un médecin selon les règles de Maître Jack et déchiqueta des ses balles une jeune mère et son précieux fardeau. Devant, une pizzeria, un petit garçon s’effondra, sa jeune vie s’écoulant en flots rouges de son cœur. Sa mère prise d’hystérie, se jeta à la tête d’un honnête père de famille qui tentait désespérément de mettre sa femme et ses filles à l’abri. Elle lui laboura le visage des ses ongles manucurés, lui arrachant des lambeaux de chair sous les yeux ahuris de son épouse. La mère du petit fini par envoyer l’homme rouler à terre à force de coup de pieds. Voyant cela l’épouse attrapa l’hystérique, la projeta par terre et lui défonça le crâne sur le bitume. Une des jeunes filles effrayée par la violence de sa propre mère s’enfuit à toutes jambes dans la foule en folie. Le type dans l’immeuble tua encore une vingtaine d’hommes, femmes et enfants avant d’être découvert par une adolescente qui vida trois chargeurs dessus.

Rebecca regarda dans la rue et nota que les incendies avaient déjà commencé. Plusieurs magasins et deux immeubles flambaient déjà.
– Tu ne crois pas qu’on devrait changer de rue ? Celle-ci est jonchée de cadavre et il ne s’y passe pratiquement plus rien.
– Oui, tu as raison, Rebecca. Allons sur la 5ième Avenue.

Là-bas, l’émeute en était encore à ses débuts. Tout en prenant des notes, Rebecca regardai un groupe de policiers tabasser à mort un étudiant qui leur avait fait un bras d’honneur. Une jeune fille sauta du 26ième étage d’un building commercial et s’écrasa sur le sol comme une pastèque trop mure. Une vielle dame qui passait fut couverte de tripes et de morceaux de chair. Elle eut une crise cardiaque en essayant de se nettoyer. Un mouvement dans une ruelle toute proche attirât leur attention.

– Par-là, dit-elle, je crois qu’il se passe quelque chose de pas net.
Ils retrouvèrent la jeune fille qui s’était enfuie devant la pizzeria en train de se faire violer par un groupe de jeunes gens et filles. Elle était couverte de bleus, son nez était cassé ainsi que sa mâchoire et son bras. Son visage n’était que boursouflures et ecchymoses. Elle avait, depuis un bon moment, cessé de se débattre.

Ils retournèrent dans la rue. Ils constatèrent qu’ici aussi les incendies démarraient. Un homme sorti en flamme d’un magasin chic et brûla au passage une bonne demi-douzaine de personne avant de tomber en morceau sur le sol. Mais un mouvement important faisait impression au bout de la rue. Raoul et Rebecca s’y rendirent précipitamment.

Une procession avançait. Dans ces lieux de folie et de chaos, la régularité et le calme de ces gens choquaient. En tête venait le pasteur Phil Decay, bien connu pour ses shows télévisés invitant tous ses frères à rejoindre les Voies du Seigneur mais aussi pour son compte en banque florissant et son goût pour les enfants. Derrière, venaient ses « prêtres » vêtu seulement d’un pantalon blanc et se flagellant le dos avec des fouets de cuir. Ensuite venaient les hordes d’adeptes imbéciles, crédules et manipulés portant une immense croix de bois.

Mais si Decay possédait son service de sécurité, les personnes en queue de procession, ses « ouailles » étaient à la merci des émeutiers. A L’un d’eux fut arrêté par des loubards qui s’amusèrent à lui arracher les yeux, lui couper les doigts et la langue pour finir par lui enfoncer un couteau dans le cerveau par les orbites. Un groupe de yuppies arrêtèrent deux adorateurs, une jeune femme et son époux. Ils ôtèrent les paupières du jeune homme et l’obligèrent à le regarder empaler son épouse.
Mais cela ne troublait en rien la détermination des fidèles. Ils avancèrent jusqu’à une place proche où ils déposèrent la croix. Ils psalmodiaient une prière-incantation qui les plongeait dans un état de transe.
« Seigneur, entends tes enfants ! Seigneur, accepte notre sacrifice ! Seigneur, sauve-nous ! »

Tout en priant, les dévots dénudèrent Decay, le baignèrent, le vêtirent d’un pagne et lui firent mille bénédictions. Ensuite, ils le couchèrent sur la croix, l’y clouèrent, lui infligèrent des blessures aux flancs et ceignirent son front d’une couronne d’épines. Ils levèrent la croix et tous (excepté les prêtes qui se flagellaient toujours) se mirent à genoux pour rendre grâce.

Phil Decay les regarda en pleurant. Il ouvrit la bouche et le murmure incessant des litanies prit fin. Un silence religieux planait sur l’assemblée, seulement troublé par les cris encore assez lointain des émeutiers. La voix d’airain du pasteur retenti dans le vide.
– Mes enfants, le jour est venu ! Les hordes démoniaques sont sorties de l’enfer. Le chaos et la mort de Satan se répandent sur le monde. Vous êtes en danger ! Mais ne craignez rien, mes enfants. Dieu, dans sa grande bonté, a décidé de vous sauver. Je vais vous sauver, car Dieu est avec moi. Ne soyez pas effrayé, je ne vous abandonnerai pas. Ma vie est à vous, elle est pour vous. Je vais rejoindre notre Père pour votre salut. Je suis l’Agneau du sacrifice ! Je suis l’Agneau qui sauvera le monde !

– Oui, protège-nous ! Sauve-nous ! »

Des femmes pleuraient tout en s’arrachant les cheveux ou en se lacérant le visage. Les prêtres avaient cessé de se torturer, mais récitaient, en transe, une prière dans une langue inconnue.

Un homme s’approcha discrètement de la croix. Il regarda le pasteur décadent sourire à la foule aveugle. Il regarda sa sœur de dix ans, grosse de ce monstre installé sur la croix et fut dégoûté. Il sortit son riot-gun et fit feu trois fois. Le visage torturé du pasteur éclata sous la violence de l’impact de la première balle. La deuxième lui fit un énorme trou dans la poitrine et la troisième réduit en un amas de chair et de sang, le sexe et les testicules. La foule hurla et vociféra. L’assassin n’eut pas le temps de profiter de son œuvre. Sa sœur mena la foule sur lui et il fut écharpé. L’hystérie gagnait la masse. Des hommes et des femmes s’immolaient ainsi que leurs enfants. Une mère de famille amena sa petite fille sous la croix, lui lia les mains, l’embrassa sur le front et la sacrifia. Le sang se vidant par sa gorge pure devint le sang de la purification où se vautrèrent les fidèles incultes de ce sombre pasteur. La source se tarissant rapidement, ils réunirent tous les enfants qu’ils égorgèrent pour se repaître de leurs chairs et de leur sang, pour « purifier leurs âmes ».

La folie se répandait comme une poudre malfaisante créant les pires dégradations jamais vues chez des humains.

Rebecca se tourna vers Raoul.
– Je crois que nous avons tout ce dont nous avions besoin à présent. Peut-être pourrions-nous rentrer.
– Oui, c’est une bonne idée. Avec les vidéos, mes photos et tes notes, ce sera parfait. Tu vois que c’était une bonne idée.
– Oui, tu avais raison. Même si c’est un peu cher, cela en valait la peine. Merci, grâce à toi, ma thèse sera vraiment parfaite. On y va ?

Ils mirent leurs lunettes de protection, vérifièrent le bracelet cuivré qui portait le sigle de la société de transport et actionnèrent le bouton RETOUR du boîtier accroché à leur taille. Comme d’habitude, la lumière devint aveuglante puis se stabilisa pour redevenir la lumière douce et tamisée de la Salle de Retour. La porte s’ouvrit et ils furent accueillis par l’andrôtesse qui leur tendit leur facture avec un sourire amical.

Travel Season Corporation
Agence de Voyage Spacio-Temporel
Dénomination :Voyage utilitaire
Destination géographique:New-York
Destination temporelle :24/07/2158
Particularité historique :Le Grand Chaos
Durée du voyage :1 heure
Prix unitaire/heure :300 crédits
Nombre de participants :
2
Prix du voyage :600 crédits
Prime de risque (période dangereuse) :100 crédits
Sous-total :700 crédits
T.V.A. (30%) :210 crédits
Total :910 crédits
Nous vous remercions d'avoir choisi A notre société pour votre déplacement temporel et nous espérons que vous avez été pleinement satisfait de votre excursion.
Enregistrement sortie le 24/05/2498
16:43:34:60
Paix et sérénité, A Raoul et Rebecca.
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